Laurent Meurice
Vives, colorées, ludiques, exubérantes, les photos de Cravat et Bada éclaboussent et nous plongent, nous poussent tout habillés du bord de la piscine, dans un bain frais d’images toniques et pétillantes. Des bulles photographiques; c’est léger, aérien, on se sent tiré par le haut. Des photos qui tiennent debout. Un grand pied de nez et un grand coup de pied au cul ! Une démarche délurée et délirante. Mieux qu’un lifting.
Savamment orchestrées du casting à la distribution des rôles, souvent préméditées, commises comme des crimes parfaits ( en témoignent les esquisses et les plans qui les accompagnent et qui nous laissent entrevoir les coulisses de leur création, l’atelier mental de leur échafaudage), les photos de Cravat et Bada nous emmènent au spectacle. Nous assistons au premier rang à des tableaux, des reconstitutions, des fresques, des mises en scène, des mises en boîte (boîte en fer, boîte à bonbon, boîte à musique, boîte à sardine, boîte à tartine, boîte de nuit…). Tout est casé avec un look de comédies musicales, quelque chose de rock and roll pour des images très noir jaune rouge, très blanc bleu belge , des photos pur porc qui sentent la frite, qui ont la patate et la banane et qui ne manquent pas de pêche. Va voir !
Tintin, le Roi, la Reine, nos équipes de foot, papa, maman, la bonne et moi, la peinture et l’histoire de la photographie, les séries TV…, tout est démystifié. Avec humour et bonne humeur. Sans haine. Notre culture revue et corrigée, rajeunie, dynamisée. On se sent dans leurs photos comme dans une bagarre d’oreillers, on est chahuté. Il se passe quelque chose dans tous les coins de l’image, ça bouge, ça swing.
Apanage de leur jeunesse, les photos de Cravat et Bada semblent échapper à la crise et à la morosité ambiante. Leur cote est à la hausse. Effervescentes et vitaminées, elles claquent comme un coup de fouet énergétique propice à l’affrontement des choses. Si elles détournent le réel en le tournant en dérision, elles n’en sont pas moins nourries d’un sens critique aigu et acide ; elles sont tendues vers l’avenir, elles en sont un aperçu clair/voyant. Elles sont en marche, en avant.
Elles sont, généreusement, à l’image de leurs auteurs.
Alors, Cravat et Bada !
Vous passerez dans mon bureau, j’ai encore deux mots à vous dire !
Jean Janssis.